Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quant à la manne tombée du ciel, ce n’est pas une farine dont on puisse faire du pain : les sauvages n’ont connu le pain et la farine que par leurs relations avec les Blancs. Ce sont de petits morceaux de viande dont une mesure pleine tombait chaque matin, et que la tribu ramassait pour se nourrir.

La chute de l’homme est racontée de bien des manières plus ou moins absurdes. Celle qui se rapproche le plus du récit biblique raconte qu’au commencement le Vieillard Tehapéwi avait deux enfants mâles, auxquels il avait dit : « Voici devant vous une quantité prodigieuse de fruits dans ce pays que je vous donne. Vivez heureux, croissez, multipliez-vous, chassez où bon vous semblera. Mais prenez bien garde d’observer ceci : « Ne mangez jamais de fruits blancs (verts). »

Or le frère cadet porta la main aux fruits blancs et ils en mangèrent tous les deux.

Alors le Vieillard les chassa loin de lui, et les relégua dans cette petite île qu’on appelle Nau (la Terre) pour qu’ils y vécussent malheureux.

Suivant une vieille tradition indienne recueillie par Mgr Taché, la faute originelle aurait été commise par la première femme, et aurait consisté dans le vol d’une vessie pleine de graisse de moële.

— Cette graisse de moële est très appréciée par les sauvages, et sert à plusieurs usages.