Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/254

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ont fréquenté les collèges, échangeraient volontiers leur sort contre celui des bergers de l’Acadie.

Mais quand revient la saison d’été, ils ont aussi leurs beaux jours. Les longues cavalcades à travers la Plaine, sur le cheval qu’ils préfèrent, à la recherche du troupeau qu’ils connaissent et qui leur est devenu cher, ne sont pas sans agrément.

Toute la nature alors leur fait fête. Les gazons épaissis par les pluies du printemps tendent sous leurs pas un tapis moelleux ; les bouquets d’arbres, d’autant plus beaux qu’ils sont plus rares, se couvrent de verts feuillages, reposent leurs yeux brûlés par un soleil ardent, et leur ouvrent des retraites ombreuses ; la rivière de l’Arc, ou une autre — car il n’y a pas de ranche sans rivière — leur offre des vasques d’eau fraîche pour se désaltérer et se baigner.



Le lit de l’Arc, que nous côtoyons toujours, est formé de petits cailloux ronds.

Plus nous remontons son cours, et plus nous sommes convaincus que l’Arc était jadis — il y a des millions d’années peut-être — un fleuve impétueux qui s’élançait des montagnes et charriait dans ses tourbillons des monceaux de galets. Il en a pavé tout Calgary, qui est à plus de 60 milles d’ici, sans se douter qu’il jetait ainsi