Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/257

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ce n’est pas la plaine, car les montagnes nous enveloppent de toutes parts. Devant, derrière, des deux côtés, nous n’apercevons plus que des murailles de rochers audacieux prenant les formes les plus extravagantes.

Quel immense océan de pierre aux vagues convulsionnées ! Quelle tourmente épouvantable la terre a dû subir pour que ces ossifications démesurées soient sorties de ses entrailles !

Nous sommes à 4,200 pieds au-dessus du niveau de la mer, et nous ne faisons que franchir la porte ou la brèche, the gap comme l’appellent les Anglais, qui nous ouvre les profondeurs et les élévations des Rocheuses.

Nous contournons les bases des monts, coupant parfois les rochers et les jetant sous nos pieds pour paver la route et encaisser la rivière.

Voici le mont des Vents, qui recèle dans ses flancs, j’imagine, tous les enfants du vieil Éole. Les habitants de Calgary se plaignent beaucoup de son voisinage.

Voilà les Trois Sœurs. Ce sont trois têtes jumelles plantées sur les épaules d’une montagne énorme qui est évidemment leur mère commune.

Les sommets succèdent aux sommets, toujours plus hardis et plus mouvementés, monstrueux, innombrables. Ils sont devenus multitude, et les plus grands regardent par-dessus la tête des autres, avec une impassibilité qui exclut tout soupçon de curiosité.