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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/258

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Qui regardent-ils donc dans leur muette contemplation ? Est-ce le soleil lointain qui passe sur leurs têtes sans en fondre les neiges et sans y faire pousser un brin d’herbe ? Est-ce, pendant la nuit, les cieux pleins d’étoiles ? — Peut-être ; mais, s’ils voient les astres, ils regardent plus haut. Ils contemplent la face lumineuse de Celui que le roi-prophète appelle le Dieu des Dieux, Deus Deorum !

Comme toutes les grandes choses de la nature ils célèbrent le Seigneur, aux yeux duquel ils ne sont que des grains de sable, et que l’homme a si bien nommé le Très-Haut !

Nous arrêtons à Canmore pour déjeûner. Mais le restaurant est trop petit pour contenir tous les voyageurs, et dans une heure, nous ferons bonne chère dans le splendide hôtel du Pacifique, à Banff. D’ailleurs, nous avons un peu déjeuné de l’air vivifiant des montagnes et de poésie.

Sans doute, cette dernière nourriture n’est pas suffisante ; mais elle aide à la vie morale de l’humanité.

Nous saluons encore du regard quelques pics étonnants, le Rundle (l’Échelon) — qui est plutôt toute une échelle — le mont Cascade, qui écoute chanter à ses pieds la rivière du même nom ; et, après une minute d’arrêt à Anthracite, large exploitation du charbon de ce nom qui sert d’assises à d’autres montagnes, nous arrivons à Banff.