Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/273

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tortueux et fantastique au travers des plus gigantesques obstacles que la nature ait pu jeter sur le passage des êtres vivants.

Un des ennuis du chemin de fer, ce sont les cendres de la locomotive, que le vent apporte aux voyageurs, et qui les transforment en charbonniers, après quelques jours. Elles entrent par les ventilateurs, par les fenêtres, par toutes les fissures. Non seulement elles couvrent les meubles, les tentures, les tapis, les boiseries, de sorte qu’on ne puisse rien toucher sans se salir ; mais nous nous les incorporons par la bouche, par le nez, par les oreilles.

Je suis tenté de croire que cette cendre est vivante et méchante. Elle nous tatoue, elle nous aveugle, elle épaissit nos cheveux en s’y mêlant, elle se moque de nous ; et la locomotive qui en a des approvisionnements inépuisables, semble nous crier constamment : Memento homo quia pulvis es et in pulverem reverteris !

En vain nous demandons grâce, reconnaissant que nous sommes poussière, mais réclamant pour cette poussière un peu de repos et de propreté ; la locomotive n’entend rien, et continue d’inhumer nos cendres dans les siennes !

Sans doute nous pourrions fermer toutes les ouvertures hermétiquement pour nous protéger contre les