Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/280

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— « Mais, reprend M. Lynch, ces villes qu’ils bâtissent, ils les bâtissent à leur profit et à vos dépens. Ils y font des fortunes qu’ils tirent de votre sol !

— Que voulez-vous ? répliquons-nous, nous ne sommes pas nés spéculateurs, et nous ne savons pas exploiter nos richesses. Partout où il y a de l’argent à faire, nous arrivons toujours après les autres. Suivant une comparaison populaire, de tous les beaux vaisseaux de lait que la Providence a mis dans notre laiterie, la crème est prise par les autres races et nous ne gardons que le lait sûr… »

Nous pourrions prolonger ce colloque ; mais le seul contraste qu’il rappelle entre les autres races et la nôtre devrait suffire à réveiller un peu parmi nous l’esprit d’initiative et d’entreprise.

Il est certain que nous contemplons avec trop d’indifférence les magnifiques développements que prend notre Ouest canadien sans nous soucier d’y réclamer notre part.

Vainement représente-t-on le Manitoba comme le plus riche grenier de la Puissance. Vainement vante-t-on la fertilité des immenses vallées des deux Saskatchewan. Vainement essaie-t-on d’attirer l’attention des habitants de l’Est sur les richesses minières de l’Ouest et de la Colombie-Britannique.

Il semble que tout cela ne nous regarde pas, nous