Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/289

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milliers de travailleurs, les uns faisaient l’ascension des Selkirk en partant de l’Ouest et les autres en venant de l’Est.

Or, quand ils arrivèrent au point de jonction, ils découvrirent que la ligne venant de l’Ouest était à quelques cents pieds plus bas que la ligne venant de l’Est, et ce fut un problème difficile de savoir comment on effectuerait le raccordement entre les deux tronçons.

Il n’y avait pas ici un nœud gordien à trancher — ce qui est toujours facile avec de l’audace. — Il y avait plutôt un nœud gordien à faire, et l’énorme différence de niveau entre les deux lignes était un grand obstacle.

C’est au delà du grand Glacier que le nœud fut fait. Il forme une boucle parfaite, et la ligne de l’Est en cet endroit se replie deux fois sur elle-même pour descendre au niveau de la ligne de l’Ouest.

Mais voici le chalet du grand Glacier : allons dîner.

Ah ! qu’il fut gai ce dîner ! Et que nous avons donc ri en dégustant le menu de ce charmant petit hôtel ! Vous en souvenez-vous, gouverneur des Territoires ?

Au dehors, il neigeait quoique nous fussions au premier juin ; mais à l’intérieur, il faisait chaud, et la table était couverte de fleurs et de fruits des climats tropicaux.

En mangeant des oranges au nez du grand Glacier, et par ce temps de neige, je me rappelai un fait-divers raconté quelque part par Aurélien Scholl.