Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/288

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Ici se trouve la passe célèbre, nommée Rogers’Pass, d’après le nom de l’ingénieur qui l’a découverte. Nous sommes arrivés au sommet des Selkirk, et la passe étroite et profonde s’engouffre entre deux pics altiers, d’une majesté qui épouvante.

L’un se nomme Macdonald (d’après sir John) et l’autre Hermite. Macdonald est plus grand, et n’a qu’une seule flèche gothique, parce qu’il n’y a eu qu’un seul Sir John peut-être. L’Hermite a plusieurs flèches parce qu’il y a plusieurs hermites en ce monde.

Ils se regardent l’un l’autre et se touchent presque ; mais on ne saurait dire s’ils se querellent ou se font des amitiés. Ce qui est sûr, c’est qu’ils forment contraste ; et comme contraste ces deux noms sont bien trouvés, car il n’y avait rien de moins hermite que Sir John, et il n’y a personne qui soit moins Sir John qu’un hermite.

Auprès d’eux se dresse un autre colosse qui n’a pas moins de prétention à l’élévation et à la majesté ; et croyant qu’on ne pouvait pas lui refuser le sirage, on l’a nommé Sir Donald.

Mais ce n’était pas tout pour les ingénieurs de trouver ici un passage. Ce n’était pas tout d’édifier des constructions énormes pour empêcher les voyageurs d’être lapidés par le couple Macdonald-Hermite.

Le défilé périlleux une fois franchi, il fallait faire connexion avec la voie ferrée venant de l’Ouest. Car dans cette construction gigantesque qui employait des