Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/306

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cruels le rouaient de coups pour le forcer à se relever, et lui, appuyé sur sa main gauche et soutenant la croix de sa droite, redressait à demi la tête et regardait ses bourreaux avec une tristesse indicible, tandis qu’une femme indienne, figurant sainte Véronique, s’avançait avec un voile déplié pour essuyer son visage.

Après le septième tableau, qui nous montrait Jésus rencontrant les femmes de Jérusalem et échangeant avec elles des regards attristés, la procession, chantant toujours son lugubre cantique, arrivait enfin au sommet du Calvaire.

Un grand crucifix, représentant le Christ de grandeur naturelle, y était planté. Une femme sauvage, portant le costume que les peintres attribuent généralement à Madeleine, accroupie sur ses genoux, embrassait le pied de la croix de ses deux bras et baisait les pieds du Sauveur. Elle tournait le dos au public, et son abondante chevelure noire recouvrait ses épaules et flottait jusqu’à sa ceinture ; mais quelques tresses tombaient sur les pieds du Christ et semblaient les essuyer.

Grâce à certain mécanisme qu’un sauvage fit mouvoir dans le crucifix, le sang commença à couler des plaies du Sauveur. De son côté ouvert, de ses mains et de ses pieds percés, de sa tête couronnée d’épines, des jets de sang coulèrent lentement sur son corps, blanc comme neige, et tombèrent goutte à goutte sur la chevelure et les vêtements de Madeleine.