Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/320

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lointain vague, tandis que dans le sud-est domine le mont Baker, splendide dans la lumineuse blancheur de sa neige. Enfin, si l’on tourne les yeux vers le nord on aperçoit les montagnes de la Cascade, qui sortent immédiatement de la mer, et s’y reflètent à travers le brouillard irisé qui les enveloppe et qui s’y mire avec elles.

On ne saurait trouver un paysage plus varié comme coloris, plus serein comme lumière, plus reposant comme perspective, le tout joint à une très grande majesté de forme et de décor ; et l’on resterait longtemps à l’admirer si notre attention n’était attirée par le spectacle animé qui se déroule à nos pieds. Au loin, c’est la grandeur calme, immobile, ici la vie, le mouvement, l’activité dévorante. Autour de nous la splendeur séculaire de la nature qui demeure, devant nous le tableau sans cesse renouvelé de la foule qui travaille, se hâte, court, se pousse, se bouscule, agitée, bruyante, haletante dans son immense " struggle for life ". Devant nous enfin une ville moderne, qui a surgi de terre en six ans comme par miracle, au milieu de la forêt vierge, et dans les rues de laquelle on aperçoit encore des troncs d’arbres gigantesques à demi consumés par le leu des défricheurs ; une ville qui à cause de son incomparable situation est devenue le trait-d’union entre l’Asie et l’Amérique, dont elle est aujourd’hui même un des grands centres. Avec cette cons-