Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/337

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des chevaux qui vont comme les trains du chemin de fer du Pacifique.

« Le soir, quand ma besogne est finie, je monte Général (c’est mon meilleur cheval de selle) et je m’envole à travers la prairie.

« Patapoum ! Patapoum ! Patapoum !… J’arrive à la porte d’un camp en bois rond dont l’extérieur n’est guère invitant, c’est vrai, mais à l’intérieur, comme c’est gentil !

« Un tapis soyeux couvre le plancher. De bons fauteuils vous tendent les bras. Des journaux et des revues sont épars sur une petite table. Des livres brillent sur des rayons. Des étagères accrochées aux murs sont chargées de divers objets d’art, de photographies et de gravures. Sur un grand canapé, une guitare est appuyée sur un coussin.

« Mais où donc est l’artiste qui peut jouer de cet instrument ? Je ne vois ici que la cuisinière, qui prépare en ce moment un souper qui sent très bon.

« Ah ! c’est qu’elle est bien gentille, la cuisinière ! Et quand ce cordon bleu voudra venir habiter mon ranche, je me moquerai pas mal des amis de là-bas qui me croient enterré dans les Montagnes Rocheuses.

« Je t’entends te récrier : « Une cuisinière ! Fi donc ! Aurais-tu l’idée de faire une pareille mésalliance ? »

— Allons, tu ne sais donc rien de la vie de l’Ouest ? C’est un cordon bleu d’occasion dont je te parle ; cette