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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/347

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qu’un exercice de courage et de force contre la souffrance physique.

Mais tel n’est pas du tout le caractère de la fête. Elle est — ou plutôt elle était — essentiellement religieuse, et les exercices de bravoure n’étaient pas autre chose que des sacrifices sanglants à la divinité.

Aujourd’hui ces fêtes du soleil sont en pleine décadence. J’ai été témoin de l’une d’elles chez les Piégans ; mais ce n’était plus que l’ombre de la fête primitive. Le caractère religieux et symbolique en était à peine visible, et la Grande Loge, qui est vraiment un temple élevé au soleil avait l’apparence d’un cirque vulgaire où l’on exécutait au bruit des tambours des danses plus ou moins burlesques.

Mais ce qui était vraiment pittoresque, c’était l’aspect du camp. Il s’élevait dans une clairière entourée de grands bois, entre la rivière Old Manet la crique Pincher, au confluent des deux rivières. Un grand nombre de tentes, très grandes, les unes toutes blanches, les autres peintes, étaient disséminées dans la clairière ; et les plus éloignées se cachaient à demi dans le feuillage, au bord du bois. Parmi les tentes peintes il y en avait de très curieuses, dont les dessins grossiers représentaient d’énormes bisons, des têtes de buffles, des serpents, de grands oiseaux, ou des monstres plus ou moins imaginaires.