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Au centre du camp se dressait la Grande Loge, en feuillage, temple du soleil. Elle mesurait 150 à 200 pieds de circonférence.

La charpente en était formée par une trentaine de gros poteaux, plantés en cercle, joints entre eux par des poutres, et sur lesquels venaient s’appuyer de longs chevrons qui convergeaient et se reliaient à un grand arbre planté au centre de la rotonde. Le tout était recouvert d’un lourd treillis en feuillage.

Au pied du grand arbre étaient attachées deux verges, destinées à fouetter la Vestale, si elle était dénoncée comme impure. J’y remarquai aussi une assiette en porcelaine destinée à recevoir les morceaux de chair sanglants offerts en sacrifice à la divinité. Jadis cette assiette se remplissait ; mais aujourd’hui elle reste vide.

À quelques pieds de l’arbre sacré, une fosse peu profonde, où brûlait un feu de branches sèches. C’est un foyer, et un autel des sacrifices. Les chefs y faisaient allumer leurs calumets par des jeunes gens ; et c’est tout auprès que devaient se placer les sorciers quand ils faisaient des harangues, ou des prédications.

Au fond de la loge, en face de la porte, dans une alcôve en feuillage, tapissée de mousse, deux chefs en grand costume recevaient les visiteurs.

Au sommet du grand arbre sacré qui dominait le temple étaient suspendues toutes les offrandes au dieu-soleil. C’étaient des tentures de couleurs diverses, des