Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/35

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et l’attribuaient les uns aux émotions violentes du départ, les autres à ses jeûnes et privations, d’autres encore à la consommation qu’il fait du tabac à priser.

Quoiqu’il en soit, tout le monde s’intéressait à son sort, et pour augmenter encore l’intérêt qu’on paraissait lui porter le malin chanoine parla de faire son testament.

Nous fûmes bientôt une dizaine autour de son lit sollicitant des legs particuliers. Quant au R. P. Lacombe il disait : « Moi, je suis habitué à vivre de peu, je me contenterai d’être légataire universel ! »

Pour ma part, je tenais à quelques agneaux et à certaines génisses dont il m’avait parlé avec tendresse, et que j’aurais expédiés dans mon ranche de Pincher Creek.

— « En tout cas, lui disais-je, comme chroniqueur de l’excursion il me faudrait quelques incidents dramatiques, et je vous serais obligé si vous vouliez bien mourrir un peu tragiquement. »

— Je comprends cela, me répondait-il, et je vais faire en sorte que vous soyez content de moi.

Tous les légataires en expectative se sont retirés contents. Mais, ce matin, notre gai chanoine s’est levé plus gras et plus rose que jamais, et tous nos rêves de fortune sont devenus des rêves de Perrette !

Notre convoi roule toujours sans se lasser, et nous faisons le tour de la baie Nepigon. Encore quelques