Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/34

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qu’elle dans des huttes en bois rond. Ce sont des pêcheurs sans doute, et leur existence isolée n’est pas sans charme quand vient la belle saison.

Ces rives de notre mer intérieure me rappellent beaucoup celles de la Méditerrannée, et le chemin de la Corniche, avec cette différence qu’ici la civilisation n’a pas encore transformé la nature. Mais elle y viendra, et déjà l’œuvre de transformation est commencée.

Voici Schrieber, ville naissante, que la Compagnie du Pacifique a jetée ici en pleine sauvagerie, et qui sera peut-être une grande ville dans vingt ans. Déjà elle empiète sur la forêt, et elle ouvre des routes vers l’intérieur. Déjà plusieurs clochers dominent ses boutiques, ses ateliers, ses cottages ; et sur une petite colline isolée je vois s’élever une chapelle en bois desservie par un Jésuite.

C’est ainsi qu’on retrouve partout la religion, au couronnement comme à la base de toute fondation.

Après Schrieber, où nous avons déjeuné, tout le monde est disposé à causer, et les gais propos vont leur train — un train de chemin de fer.

Un excellent chanoine, dont la santé est florissante et joviale, contribue à l’amusement par ses histoires et ses chansons. Mais hier soir il était indisposé, et vu son embonpoint et ses belles couleurs personne n’en avait pitié.

Ses amis intimes cherchaient la cause de sa maladie,