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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/362

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les chevilles. En même temps il secoue violemment le bouclier accroché à son épaule.

Ce supplice dure dix à quinze minutes ; et enfin une exclamation de la foule annonce que les chairs des trois plaies sont déchirées et que le sacrifice sanglant est accompli.

La victime va de nouveau s’étendre sur le lit, et le couteau du sacrificateur enlève les lambeaux de chair qui sont déposés au pied du grand arbre symbolique par le patient lui-même.

C’est là évidemment la partie la plus importante du culte ; et l’histoire atteste qu’il n’y a pas de culte sans sacrifice. Mais le véritable sacrifice est celui du sang, réel ou figuré.

C’est le sang qui pèche ; c’est le sang qui doit expier. Selon la loi, dit saint Paul, on purifie presque tout avec le sang, et les péchés ne sont pas remis sans effusion de sang.

Voilà en résumé le programme ordinaire de la fameuse Fête du Soleil chez nos Sauvages de l’Ouest. On le voit, elle n’a pas pour objet de faire des braves, mais de rendre un culte au soleil, soit qu’on le considère comme un dieu, soit qu’on le regarde comme un ministre du Grand-Esprit.

Je n’ai guère parlé dans ce récit des rites accomplis par les Vestales ou femmes de l’Okân ; c’est qu’ils sont absolument mystérieux, et manquent d’ailleurs d’intérêt.