Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/367

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Le talent y est plus considéré que l’argent. L’art y est fort goûté, et estimé. La position sociale y domine la richesse.

Le Québecquois est même accusé par ses voisins de pousser trop loin le culte des idées et le désintéressement. On dit, et je le répète sans affirmer que c’est vrai, qu’il se désintéresse de ses affaires au point d’en laisser la direction à tous ceux qui veulent la prendre. Si nous avons ce défaut nous devrions nous en corriger ; car enfin la pauvreté, sans être un vice, a certainement beaucoup d’inconvénients.

Montréal est supérieur à Québec sous ce rapport, et je suis de ceux qui admirent son esprit d’entreprise, sa puissance d’initiative et son activité. Comme Canadien-français, je suis fier de Montréal, et je l’oppose comme argument à tous ceux qui accusent ma race d’être arriérée. À l’Américain qui me vante ses grandes villes, à l’Ontarien qui prétend que la domination cléricale arrête chez nous tout progrès, je montre Montréal, et j’ajoute : attendez l’avenir, messieurs, et vous verrez qu’en allant plus lentement nous irons plus loin que vous !

Je connais les incertitudes de l’heure présente, et je n’envisage pas sans soucis les problèmes de l’avenir. Mais j’ai des espérances aussi grandes que nos horizons, et une foi absolue dans la prospérité et la puissance