Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/44

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telle est l’alternative cruelle qui partage les années de leur vie !

Celle-ci suivra maintenant son mari de Yokohama à Hong-Kong, et après d’autres courses plus ou moins prolongées ils reviendront embrasser leurs enfants. Elle est très bonne voyageuse, et elle aime beaucoup à rire ; mais quand je l’ai trouvée écrivant à ses enfants elle pleurait à chaudes larmes.

Nous avons la bonne fortune d’avoir au nombre des passagers, M. Bengough, le spirituel caricaturiste du Grip. Avec une parfaite bonne grâce il s’est prêté à l’amusement des voyageurs, en caricaturant les officiers et les garçons de bord avec un brio et une dextérité de crayon qui lui ont valu de chaleureux applaudissements. L’un des garçons ressemble beaucoup — par le nez — à sir John A. Macdonald ; l’artiste fit ressortir cet avantage, avec avantage, et plaça Sir John en face de lui, le pointant de l’index et lui disant : You’ve got my nose, Sir.

M. Bengough n’est pas seulement un dessinateur étonnant, il a aussi un talent mimique plein d’entrain, et il a parodié les chanteurs avec une verve comique qui nous a fait rire aux larmes. Le ténor amateur, avant son voyage en Italie, et le même, après son voyage, sont les plus amusantes satires qu’on puisse entendre. Grâce à M. Bengough, la soirée à bord a été fort gaie.

Au matin, nous entrions dans des chenaux étroits, et