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un ruisseau jusqu’au lac de la Pluie, puis, la rivière du lac de la Pluie jusqu’au lac des Bois. Un nouveau portage leur permettait d’atteindre la rivière Winnipeg qu’ils descendaient jusqu’au lac du même nom.

Alors, suivant leurs destinations respectives, les canots cherchaient l’embouchure de la rivière Rouge, perdue dans les joncs, et la remontaient jusqu’à Saint-Boniface — ou bien, ils poursuivaient leur course vers le Nord-Ouest en côtoyant le lac Winnipeg, le lac Manitoba et la Saskatchewan.

Pendant que je note ces souvenirs des voyages d’autrefois, et que je m’extasie sur les changements opérés depuis quelques années, nous avons quitté Fort-William, et nous roulons à grande vitesse vers la frontière du Manitoba.

Le chemin de fer longe la Kaministiquia, puis remonte les rivières Mattawan et Wabigoon à travers un pays sauvage et qui ne paraît guère colonisable.

Quelques stations ont des noms étranges. Une d’elles s’appelle Murillo, je ne sais pourquoi, et une autre Bonheur ! C’est à ce dernier endroit peut-être que vivait l’homme heureux de certain conte oriental.

Un roi puissant et immensément riche se trouvait malheureux, et comme tout le monde il aspirait au bonheur. Il réunit ses devins, et les consulta. Après, quelques jongleries, ils lui répondirent qu’il cesserait de souffrir s’il pouvait revêtir la chemise d’un homme