Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/75

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heureux. Alors il envoya des milliers de ses serviteurs à la recherche d’un homme heureux, avec ordre, s’il le trouvaient, de lui enlever sa chemise et de la lui apporter.

Les serviteurs partirent et cherchèrent bien longtemps. Enfin, ils trouvèrent un homme heureux, (le conte ne dit pas où, mais ce doit être à la station Bonheur). Hélas ! le grand roi n’en fut pas plus avancé ; car l’homme heureux n’avait pas de chemise !

Une autre station porte un nom que je n’hésite pas à proclamer glorieux et qui est bien vénéré dans toute cette partie du pays : ce n’est pas le nom du soldat heureux qui traversa ces solitudes en 1870, et qui est devenu le général Wolseley, c’est celui de Monseigneur Taché, archevêque de Saint-Boniface.

Que de voyages ardus et périlleux il a fait dans ces contrées lorsqu’elles étaient encore complètement sauvages ! Que de fois il lui a fallu, dans l’intérêt de ses missions et pour la diffusion de l’Évangile, parcourir ces forêts, traverser ces lacs, remonter ces rivières, franchir ces montagnes, malgré les intempéries des saisons, et les dangers qu’offre toujours un pays inhabité !

Chose singulière, le chemin de fer suit généralement la même voie que suivait alors le courageux missionnaire. Seulement il fallait soixante jours à ce dernier pour franchir la distance que la locomotive parcourt maintenant en trois jours !