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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/77

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de lacs différents réunis par de pittoresques ponts de rochers et de verdure.

C’est un pays très fréquenté par les touristes pendant la belle saison, et les sportsmen y accourent des villes d’Ontario, du Manitoba et des États-Unis. La truite, le poisson blanc, l’éturgeon, et le gibier y abondent.

Il y a quelques années, M. Van Horne, qui est artiste, eut ici la vision d’un tableau qu’il a exécuté depuis avec un remarquable talent. Il était dans son char privé, accroché au train du Pacifique stationné à cet endroit, et il s’était approché de la fenêtre pour voir le soleil, qui se levait tout rouge à l’horizon par un beau jour du mois de juin. Tout-à-coup un vrai tableau qui ne manquait pas même de cadre attira son regard d’artiste et le fascina.

Sur une petite élévation, tout illuminée des splendeurs du soleil levant, une tente blanche était dressée. À la porte de la tente, le profil d’un missionnaire portant une robe noire, de grands cheveux blancs, un crucifix à sa ceinture, et adressant la parole à quelques sauvages drapés dans leurs costumes pittoresques et contemplant l’homme de Dieu. À leurs pieds, des enfants à peine vêtus, assis dans l’herbe, et caressant des chiens aux couleurs fauves.

Quel beau sujet de peinture, pensa l’artiste, oubliant qu’il était l’homme des chemins de fer ! Puis, il songea