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LA VENISE DU LAC

Cet archipel en miniature est le plus joli que l’on puisse voir. On dirait que quelque joaillier céleste, messager de quelque bonne nouvelle pour les premiers habitants du Lac St. Jean, y a laissé tomber une poignée d’émeraudes en reprenant son vol vers le ciel. Ou bien encore pourrait-on imaginer peut-être que le Créateur, après avoir creusé ce beau lac, pétri, et orné ses rivages, y a secoué légèrement ses doigts divins.

Quoiqu’il en soit, ce groupe d’ilots ressemble à un jardin d’Armide dont les allées, capricieusement tracées, seraient pavées en glaces de Venise.

Il est près de 4 h. P. M., et la faim se fait sentir même au milieu de cet éden, qui, grâce à Dieu, n’a pas un seul fruit défendu. Un ilot charmant arrondit devant nous une anse de sable des plus mi-