Page:Routhier - En canot, petit voyage au lac St-Jean, 1881.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

52
STELLA MARIS

Comme un drapeau funèbre annonçant la détresse,
Un immense nuage à l’aspect menaçant.

L’enfant jouait, causait, et ses éclats de rire
Prolongeaient sur les flots leur timbre du cristal.
Ces fraîches voix d’enfant sont des cordes de lyre
Qu’un souffle fait vibrer comme un fil de métal.
Tout l’amusait ; parfois elle essayait de prendre
Dans ses petites mains les poissons frétillants,
Leur parlait vivement de sa voix la plus tendre,
Et leur disait des mots naïfs et pétillants.
Ce caquet enfantin était une musique ;
Les parents l’écoutaient avec ravissement,
Et pendant ce temps-là le nuage tragique
Montait, montait toujours, couvrant le firmament.


IV

Rien ne troublait encor le calme de la lame.
Tout-à-coup Jeanne, triste, eut un tressaillement —