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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/157

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LE CENTURION

un silencieux. Il n’aimait pas les longs discours, mais les actions énergiques et radicales.

Il avait étudié la loi de Moïse à l’école de son père ; mais il n’en possédait que la lettre qui tue et non l’esprit qui vivifie. Pharisien orgueilleux, infatué de sa science qu’il croyait avoir héritée des ancêtres et surtout de son aïeul — Hillel, dont il citait constamment le nom — il se montrait intransigeant et autoritaire.

Il lui semblait absurde que le Messie pût être d’humble condition et pauvre comme l’était Jésus. Il devait être prince, puisqu’il était fils de David, et entouré d’une grande puissance, puisqu’il devait rétablir le royaume d’Israël.

Il faisait partie du Sanhédrin, avec son père, et il y était déjà considéré. Les noms de Gamaliel et d’Hillel entouraient son front d’une auréole, et l’on attribuait son silence à sa sagesse.

Ajoutons que ses traits avaient une grande distinction, qu’il était de haute taille, et que sa tenue pleine de noblesse en imposait.

Il avait vingt-trois ans quand son père l’avait envoyé à Rome étudier les lettres Latines, l’histoire romaine, et celle du polythéisme. Le père avait compté que le voyage, le contact avec d’autres peuples, le spectacle d’autres coutumes et d’autres mœurs, et la manifestation d’autres idées, donneraient à son fils une culture plus policée, plus large, plus conciliante ; car il était le premier à blâmer ses exagérations, et son fanatisme.