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LE CENTURION

En un mot, il est tellement différent et au-dessus de nous, que nous ne pouvons comprendre quelle est sa nature, et que nous ne savons pas comment le qualifier.

Mais, en même temps, comment pouvons-nous raisonnablement appeler fou un homme dont l’intelligence se montre tellement supérieure à la nôtre ?

Gamaliel. — Si nous pouvions admettre et comprendre qu’il est à la fois Dieu et homme, nous pourrions pénétrer le mystère qui l’enveloppe peut-être.

Mais comment un homme peut-il être Dieu ? Et comment un Dieu peut-il être un homme ? Voilà ce qui surpasse notre intelligence.

Pilatus. — Mes chers amis, le problème ne me semble pas aussi compliqué, ni aussi surhumain. Vous verrez qu’il se résoudra de la façon la plus humaine, la plus naturelle, et la plus vulgaire. Cet homme vous apparaît comme dans un mirage, et l’imagination populaire l’a transfiguré ; mais attendez que le mirage se dissipe, et vous le verrez réduit aux proportions ordinaires, sujet à toutes les misères de la faiblesse humaine.

S’il veut vraiment mourir, il en trouvera facilement le moyen, grâce à ses nombreux et puissants ennemis. Et s’il meurt, il lui arrivera bientôt ce qui arrive à tout le monde, et ce qui est arrivé à César : Ses disciples ne sacrifieront pas leur vie pour lui, et nul ne songera à le proclamer Dieu.

Son royaume n’aura été que le rêve éphémère