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LE CENTURION

d’un insensé. Il y a dans la vie des hommes bien des mystères, mais ils trouvent tous dans la mort leur solution brutale et définitive.

Nicodème. — Mais la mort elle-même est-elle une solution définitive ?

Pilatus. — Je le crois ; puisque nous ne savons rien de ce qui la suit.

Tant que les mystères de l’au-delà ne nous auront pas été révélés, le scepticisme me semble la seule doctrine raisonnable, sur ce point, comme sur toute question religieuse.

Claudius. — Ô Pilatus, comment pouvez-vous douter de l’immortalité, et de la vie future ?

Vous avez donc oublié l’éloquente démonstration que Cicéron nous a laissée de cette vérité dans son traité de Consolatione :

« L’âme est l’image de la Divinité, émanée et sortie d’elle. Et la Divinité est immortelle…

« Elle a son principe dans la Divinité ; le ciel est le centre où elle tend : c’était sa première demeure, elle désire sans cesse retourner dans ce séjour éternel, sa vraie patrie… » Le grand orateur revient à cette croyance, très ferme chez lui, dans le Songe de Scipion.

Il y représente Scipion l’Africain apparaissant à son petit-fils, le second vainqueur de Carthage, dans un lieu élevé semé d’étoiles, resplendissant de clarté et lui disant cette grande parole : « C’est ce que vous appelez la vie qui est la mort… C’est ici la véritable vie.