Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
LE CENTURION

« Ce n’est pas toi, mais ton corps qui est mortel. C’est l’âme qui est l’homme et non pas cette forme sensible, que tu appelles ton corps… »

Caïus. — Aucun philosophe, gouverneur, n’a mieux parlé, pas même Platon. Au reste, le scepticisme, n’est pas dans la nature. L’esprit humain a soif de croire comme il a soif de connaître. Quand il abandonne ses croyances originaires, c’est pour en prendre d’autres.

Regardez autour de vous, et lisez l’histoire : Sauf de très rares exceptions, vous verrez partout et à toutes les époques de la vie des hommes qui changent de croyances, et non des hommes qui n’en ont aucune.

Horace qui est votre poète favori, et qui appartenait au troupeau d’Épicure, n’est pas vraiment un sceptique. Sans doute il n’est pas très convaincu quand il prêche en faveur des Dieux, mais il croit vraiment aux présages, aux songes, aux sortilèges, et à la magie.

Pline, Ovide et autres écrivains croient à toutes sortes de superstitions. Et votre empereur, Tiberius ? Il méprise les Dieux, mais il a peur des puissances occultes et des prédictions des astrologues.

Voilà qui montre bien le besoin naturel de l’esprit humain de croire à quelque chose, mais à quelque chose de mystérieux, d’occulte, qu’il ne peut s’expliquer ni comprendre.

Pilatus. — Eh ! bien, moi, Caïus, je ne veux pas de mystère, ni rien de trop compliqué. Ma religion