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LE CENTURION

Tous ceux qui témoignaient leur hostilité protestèrent alors contre ces paroles avec emportement :

— « Nous sommes les enfants d’Abraham, et nous n’avons jamais été les esclaves de personne ! »

— Les orgueilleux ! remarqua Gamaliel, ils oublient qu’ils ont été bien des fois traînés en captivité, et qu’ils sont encore aujourd’hui soumis à la domination romaine.

Mais Jésus leur expliqua qu’il parlait de liberté morale ; que le véritable esclavage est le péché ; et que bien loin de faire les œuvres de justice que faisait Abraham, ils cherchent en ce moment même à le faire mourir, lui qui leur a fait connaître la vérité qu’il a entendue de Dieu.

Le tumulte augmenta. Et les Juifs proclamèrent hautement qu’il n’avaient qu’un seul père : Dieu !

Le Prophète éleva la voix pour couvrir le tumulte, et il leur dit avec fermeté :

« Si Dieu était votre Père, certainement vous m’aimeriez, Moi ! Car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens. Non, je ne suis pas venu de moi-même, je vous le répète, c’est Lui qui m’a envoyé. Et cependant vous ne reconnaissez pas mon langage, et vous ne voulez pas entendre ma parole…

« Ah ! Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu ; et si vous ne les écoutez point, c’est parce que vous n’êtes pas de Dieu !

« Votre père à vous, c’est le démon ! Et ce sont les instincts de votre père que vous voulez assouvir