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LE CENTURION

maladies et à la mort, pouvait-il se laisser vaincre, condamner, crucifier ?

Et s’il allait être mis à mort, qui donc établirait ce royaume dont il leur parlait si souvent ?

Non, il ne pouvait pas mourir, au moins maintenant. Son œuvre n’était qu’ébauchée. Sa mission commençait à peine.

Et cependant, la funèbre prophétie venait de tomber encore une fois des lèvres de l’homme divin, et cette fois, en termes clairs, précis et formels. Le lamentable événement est prochain, imminent.

Ce sont ses derniers jours qui commencent. C’est le dernier voyage qu’il va faire. Adieu, belle Galilée, pays de son enfance ; adieu, beau lac de Génézareth, dont les bords sont peuplés de tant de souvenirs ! Voici qu’il faut monter à Jérusalem, et que le Fils de l’Homme doit mourir. Le décret en est porté. C’est la volonté de son père, et c’est la sienne. Il s’en va mourir parce qu’il le veut, et parce qu’il le faut. C’est par sa mort seule que va s’accomplir la renaissance du monde. C’est dans son sang que l’homme doit être lavé et purifié. C’est sa tombe qui sera le berceau du nouveau royaume ; et le plus tôt sera le mieux.

Car dans cette tombe, il ne restera que trois jours, et c’est parce qu’il en sortira vivant que l’humanité revivra.

Apôtres et disciples restaient plongés dans la stupeur et la tristesse. Vainement la résurrection prédite leur laissait encore de vagues espérances.