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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/329

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LE CENTURION

grand de tous ses miracles d’amour, le plus merveilleux de tous ses miracles de puissance !

Il voulut que l’homme, après l’avoir tué, pût le forcer en quelque sorte à rester à jamais auprès de lui. Il voulut plus encore, et poussant l’amour et la puissance d’un Dieu jusqu’à leurs plus extrêmes limites, il fit en sorte que l’homme pût, quand il le voudrait, et aussi longtemps que vivra l’humanité, se nourrir de sa chair et de son sang !

Et ce miracle des miracles, il le réalisa en instituant l’Eucharistie.

Le traître Judas eut l’audace de prendre sa part de ce banquet divin, mais de ce moment-là il cessa de s’appartenir, et le démon prit possession de lui.

Quand il fut sorti, sous un prétexte dont Jésus connaissait la fausseté, et en réalité pour achever d’organiser avec les princes des prêtres l’arrestation de son maître, il y eut un moment de silence et de stupeur. Puis, Jésus reprit la parole, et il s’épancha pour la dernière fois dans le cœur de ses apôtres. Tous partageaient son émotion et sa tristesse.

Il leur annonça qu’il allait les quitter ; qu’ils ne pouvaient le suivre maintenant où il s’en allait, pour leur préparer une place, mais qu’il reviendrait, et que plus tard, ils le suivraient.

Il leur donna ce commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. C’est à cet amour qu’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples… »