Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
328
LE CENTURION

Alors, il se leva de table et dit : sortons d’ici.

Le sacrilège de Judas avait profané le Cénacle, et l’on y respirait un air de traître.

Suivi des onze apôtres qui lui restaient, Jésus s’avança jusqu’à l’extrémité de la salle, et franchit une des portes qui s’ouvraient sur le toit du rez-de-chaussée, formant terrasse. Car c’était à l’étage supérieur qu’avait eu lieu la cène pascale.

En Orient, les grandes villas bâties en pierre, ont presque toujours un étage supérieur plus étroit que le rez-de-chaussée de manière à former deux terrasses, dont la première est le toit du rez-de-chaussée.

C’est sur cette terrasse inférieure, spacieuse et entourée d’une balustrade, que Jésus alla s’asseoir avec ses disciples.

Un air frais et pur y circulait librement. Aucune autre habitation ne bornait l’horizon de ce côté du mont Sion, dont la pente abrupte conduisait à la jonction du ravin de la Géhenne, et de la vallée du Cédron.

La pleine lune, levée depuis deux heures, inondait tout le paysage de sa limpide clarté. Les bruits de la ville n’arrivaient que faiblement jusqu’à ce coin retiré, et Jésus accoudé sur la balustrade de pierre en savourait le calme et la solitude.

Une vigne opulente grimpait sur le mur de la villa, et ses pampres verdoyants se courbaient en berceau sur le coin de la terrasse.