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LE CENTURION

Peut-être faisait-il partie de l’antique Éden. Où le péché avait commencé, devaient aussi commencer la grande expiation et la Rédemption. Où avait germé la mort devait germer la vie. Son nom signifiait pressoir, et il lui venait sans doute de l’instrument qu’on y avait installé pour presser les olives et en extraire l’huile.

Mais dans cette nuit terrible le Fils de l’Homme allait remplacer le fruit de l’olivier, et sous le pressoir de la douleur il allait verser les premiers flots de son sang, pour laver cette terre souillée par le premier péché.

La lune poursuivait son ascension tranquille et sereine au-dessus du mont des Oliviers, et versait des blancheurs de marbre sur les grands pans du mur du Temple, qui couronnait le mont Moriah, en face de Gethsémani.




Jésus savait ce qui venait. Il le voyait déjà. Mais les apôtres, inquiets et tristes, entraient dans l’inconnu. Vainement leur Maître leur avait tout annoncé. Cela leur paraissait impossible, parce que cela était d’une profondeur douloureuse insondable.

De noirs pressentiments les envahissaient pourtant, et ils sentaient planer sur eux un mystère d’une ténébreuse horreur.