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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/346

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LE CENTURION

Il y avait simplement un prévenu, arrêté soudainement, comme dans un cas de flagrant délit ; et malgré la loi qui prohibait de faire le procès pendant la nuit, ces juges iniques en commencèrent l’instruction, sans même préciser l’accusation portée contre le prisonnier, et sans l’en informer.

Mais au lieu de l’interroger lui-même comme avait fait Anne, ils appelèrent des témoins.

Et quels témoins, grand Dieu ! C’était la lie des repris de justice, et qui ne faisaient que répéter des leçons mal apprises, et sans suite. Malgré leur bonne volonté, et leur désir de plaire aux prêtres, ils ne pouvaient avancer rien de grave.

Enfin, il en vint deux qui accusèrent Jésus de vouloir détruire le Temple. L’un prétendait que Jésus avait dit : « Je détruirai le Temple » ; mais l’autre affirmait qu’il avait seulement dit : « Je puis détruire le Temple. »

Il y avait là une variante importante qui embarrassa les membres du tribunal. Et comme aucun autre témoin ne venait confirmer l’une ou l’autre version, Caïphe essaya d’obtenir un aveu de l’accusé.

— N’entends-tu pas, lui dit-il, ce que l’on dit contre toi, et n’as-tu rien à répondre ?

Jésus aurait pu répondre bien facilement :

— Ni l’un, ni l’autre des deux témoignages n’est exact. Je n’ai pas dit : « je détruirai, ni je puis détruire ». J’ai dit, parlant à mes ennemis : « détruisez ce Temple, et je le rebâtirai en trois jours. »