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LE CENTURION

C’était une hypothèse, équivalant à dire : « si vous détruisez ce temple, je le rebâtirai en trois jours. »

« — Par ce temple, aurait pu ajouter l’accusé, j’ai voulu désigner mon corps, que vous allez détruire en effet, et que je rebâtirai en trois jours. »

Mais à quoi bon faire une réponse qu’ils n’auraient pas voulu comprendre, à ces juges, dans la conscience desquels il lisait comme dans un livre ?

Il jeta sur Caïphe un regard calme et résigné, mais il ne répondit rien.

Exaspéré et embarrassé, Caïphe ne savait plus que faire. Si son prisonnier persistait à garder le silence, il ne voyait plus quelle preuve il pourrait produire contre lui.

Soudain, une pensée de l’esprit malin illumina son esprit, et lui inspira un moyen décisif, qui serait en même temps un coup de théâtre d’un grand effet : Obtenir l’aveu de l’accusé lui-même, sur sa prétendue divinité.

Dans un mouvement spontané, il s’avança tout près de son prisonnier ; et le regardant en face, la main droite levée vers le ciel, il lui dit : « Je t’adjure au nom du Dieu Vivant de nous dire si tu es le Christ, le fils de Dieu. »

Le coup était bien porté, et Jésus comprit que c’était son coup de mort.

Personne ne connaissait mieux que lui le texte de la loi de Moïse, qui déclarait digne de mort tout homme qui se proclamait Dieu.