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LE CENTURION

et ce n’est pas dans votre royaume qu’il sera permis aux hommes de me faire mourir, mais à Jérusalem ». Car c’est « Jérusalem qui tue les prophètes ».

Lors donc que Jésus parut devant Hérode à Jérusalem, il n’avait plus rien à dire à ce renard, instrument de la cruauté d’une louve. Sa mission était achevée ; son heure de mourir était venue, et il était volontairement soumis à la puissance des ténèbres.

Aussi son attitude devant le roi de Galilée fut-elle celle d’une victime, gardant sa noblesse et sa dignité, mais résignée à subir toutes les humiliations, et toutes les avanies, sans ouvrir la bouche.

Le prince était flatté de la marque de déférence que lui donnait le gouverneur romain ; et en même temps il comptait bien que le prophète accomplirait devant lui quelque miracle, ne fût-ce que pour mériter ses faveurs, ou pour échapper à sa justice.

Il se montra donc tout d’abord plein d’égards pour le prisonnier ; et après lui avoir posé plusieurs questions que Jésus laissa sans réponse, il réclama comme une faveur l’accomplissement de quelque manifestation surnaturelle.

Jésus parut ne pas entendre. Hérode le pressa, le supplia, le menaça. Silence absolu de Jésus. Mais son regard profond, qui pénétrait dans la conscience d’Hérode, semblait dire : « Ô roi, si j’ouvrais la bouche, ce serait pour t’exprimer tout le mépris que tu m’inspires. Ce serait pour te