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LE CENTURION

Mais Jésus ne pouvait pas mentir ; et comme Pilatus n’avait aucune jurisdiction dans la question religieuse, comme il n’était pas compétent à juger si, d’après les prophéties et les événements accomplis, Jésus devait être accepté et reconnu pour le Messie, il ne crut pas devoir répondre à la question de Pilatus.

Il avait bien voulu, chez Caïphe, devant le Sanhédrin, engager le débat sur sa divine origine, parce que ce tribunal était compétent à prononcer sur cette question. Non seulement il était compétent, mais c’était son devoir d’examiner les titres du Messie, et de les faire connaître au peuple.

C’est pourquoi Jésus n’avait pas hésité à proclamer énergiquement devant Caïphe et le Sanhédrin qu’il était le Fils de Dieu.

Mais il ne pouvait pas soumettre ses prétentions à la divinité au tribunal de Pilatus, parce que c’eût été reconnaître une juridiction dont ce tribunal n’était pas revêtu.

Il ne répondit donc rien à la question du gouverneur.

— C’est à moi, dit Pilatus sur un ton vexé, que tu ne parles pas ? Ignores-tu que j’ai le pouvoir de te crucifier, et le pouvoir de te délivrer ?

— Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, lui répondit Jésus, s’il ne t’avait pas été donné d’en haut.

C’était lui dire : Ce pouvoir dont tu te vantes, et que tu crois tenir de Rome, et que tu crains tant de perdre, ne te vient pas de Rome ; il te vient