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LE CENTURION

Il y a plusieurs jours, à la tête de quelques légionnaires, j’étais allé faire une course du côté de Cana, en arrière de Capharnaüm lorsqu’au versant d’une montagne, je trouvai une grande foule d’hommes et de femmes, groupés et assis sur le gazon dans le plus religieux silence. Sur un tertre élevé, j’aperçus le Prophète, tout de blanc vêtu, debout, majestueux et solennel, comme devait être leur Moïse sur les hauteurs du Sinaï.

Je vis qu’il levait souvent les bras vers le ciel, et je compris qu’il adressait la parole à cette foule recueillie.

Je m’approchai pour écouter, et je me mêlai aux auditeurs sans qu’aucun d’eux parût s’en apercevoir, tant ils étaient absorbés par les paroles du Prophète.

Eh ! bien, sais-tu ce qu’il leur disait ? J’ai noté moi-même quelques-unes des choses qui m’ont le plus frappé. Écoute :

— « Bienheureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté, parce que le royaume des cieux est à eux !

« Bienheureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre !

« Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !

« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la Justice, parce qu’ils seront rassasiés !

« Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !

« Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu !