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LE CENTURION

Leur chiffre dépassait vingt mille spectateurs, sans y comprendre ceux qui regardaient passer le cortège du haut des murailles et des terrasses.

Cette foule était tumultueuse et bruyante. Elle discutait, gesticulait et criait. Le grand nombre accusaient Jésus, et blasphémaient. Quelques-uns seulement osaient prendre sa défense :

— J’étais un malheureux lépreux, disait l’un, et Il m’a guéri !

— J’étais sourd et muet, disait un autre, et Il m’a rendu l’ouïe et la parole !

— J’étais paralytique gisant sur un grabat, et c’est à sa parole que mon corps est redevenu frais et dispos !

— J’étais aveugle, et maintenant, je vois !

— Taisez-vous, vociféraient les autres, c’est un imposteur, et vous lui ressemblez.

Au premier détour du chemin, que l’on a appelé la « voie douleureuse », quelques femmes voulurent pénétrer dans les rangs des soldats pour s’approcher de Jésus, et les soldats allaient les écarter brutalement lorsque Caïus les aperçut.

C’était la mère de Jésus, Myriam et deux ou trois autres.

— Ne molestez pas ces femmes, commanda Caïus, et laissez-les suivre. Vous voyez bien leur douleur, ce sont des parentes du condamné.

Un peu plus loin, Jésus tomba épuisé sous le poids de la croix ; et Caïus avisant un passant