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LE CENTURION

qui était entré par la « porte judiciaire, » le contraignit à porter la croix jusqu’en dehors des murs.

La foule grossissait toujours. C’était comme une marée montante, et maintenant que l’enceinte des fortifications était franchie, ses flots comblaient les ravins et couvraient les rochers.

Claudia et Camilla suivaient des yeux l’affligeant spectacle, et en observaient tous les incidents. La cohorte romaine entourant toujours Jésus, s’avançait d’un mouvement régulier et cadencé. Cavaliers et chevaux, bardés de fer et d’acier poli, étincelaient au loin comme une large tortue montant à l’assaut du Calvaire.

Des tourbillons de poussière blanche enveloppaient le cortège par intervalles, et le dérobaient aux regards, pendant que d’épais nuages couvraient le firmament. Mais, de temps en temps, un rayon de soleil glissait dans une déchirure de la nuée ténébreuse, et jetait sur le sombre tableau des lueurs fantastiques.

Le temps était lourd, morne, comme endormi dans une immobilité de mort.

Enfin, Claudia et Camilla virent le triste cortège arriver au sommet du Golgotha. C’était une colline rocheuse, peu élevée, en dehors des murs, séparée du mont Moriah par la vallée du Tyropéon. La tour Antonia, qui dominait tout cet horizon, était donc le meilleur observatoire pour voir de haut la scène du calvaire.