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LE CENTURION

Maître, à Jérusalem. Nous emportions des aromates que nous avions achetés samedi soir, après le sabbat, et nous allions embaumer son corps.

« Nous ne savions pas alors que le sépulcre était gardé depuis la veille par des soldats ; et nous n’avions à l’esprit qu’une seule inquiétude : Qui nous ôterait la pierre qui fermait le tombeau ? Mais nous allions toujours, tout spontanément, où nos cœurs et notre amour nous conduisaient.

« À mesure que nous approchions, mon âme tressaillait d’impatience, et comme je trouvais mes compagnes trop lentes, je pris les devants.

« Je contournais la colline du Golgotha lorsque tout à coup la terre trembla violemment sous mes pieds. Je m’arrêtai un instant, épouvantée, et je vis des soldats effrayés passer en courant auprès de moi. Mais je repris ma course vers le sépulcre, et, quand j’y arrivai, je vis que la pierre qui en fermait l’entrée avait été renversée, et qu’il était vide.

« Jugez de ma douleur, Camilla, et de celle de mes compagnes qui arrivèrent après moi, et qui tout attristées pénétrèrent dans le sépulcre. Je les laissai là, et je courus aussi vite que possible à la demeure de Jean, sur le mont Sion. Pierre était là, et je leur dis qu’on avait enlevé le corps du divin Maître. Tous deux partirent alors en courant pour se rendre au sépulcre, et je les suivis d’assez près.

Mais dès qu’ils eurent constaté que le tombeau était vide, ils s’en retournèrent tout affligés et