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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/68

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LE CENTURION

Prophète allait-il prouver qu’il était la Résurrection et la Vie ?

Je me posais cette question lorsque je le vis lever ses deux mains pour ordonner au convoi funèbre de s’arrêter.

Ce fut une agitation indescriptible dans la foule.

— Le Prophète ! le Prophète ! criait-elle ; et elle se groupa à flots pressés autour de lui, pendant qu’il s’approchait de la civière posée sur le sol.

Je me rapprochai moi-même autant que possible, et du haut de ma monture je pus voir par-dessus les têtes.

Les rangs s’écartèrent pour laisser approcher la malheureuse mère dont on allait enterrer le fils unique. Alors, elle releva son voile, et ses grands yeux, rouges de larmes, fixés sur le Prophète l’implorèrent ; mais elle ne prononça pas une parole. Les grandes douleurs sont muettes. — Ne pleure plus, lui dit Jésus avec une émotion profonde. Et tendant la main au-dessus de la funèbre couche, il regarda le mort. La foule muette était haletante. Soudain il dit à voix haute :

— « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi ! »

Ô Tullius, le croiras-tu ? Le mort s’est levé, et le Prophète, lui prenant la main le présenta à sa mère, en disant : « Femme, voilà votre fils » !

La stupeur et l’étonnement furent tels, que la foule resta un instant calme et silencieuse, mais, l’instant d’après, ce fut un délire d’enthousiasme