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LE CENTURION

La chevauchée a été moins agréable le second jour, car nous avons essuyé une tempête effroyable de pluie, de grêle et de tonnerre. Nous étions harassés et trempés jusqu’aux os lorsqu’enfin, à l’heure du crépuscule, les murailles crénelées de Machérous se sont dressées devant nous.

Notre logement est dans une aile du château qui surplombe un ravin profond. Au fond du ravin gronde un torrent dont les eaux vont se perdre dans la Mer Morte.

Grâce à l’échancrure qu’elles ont creusée dans la montagne nous apercevons au loin un coin de cette mer étrange qui ressemble à du plomb fondu.

C’est l’intendant du roi, Chusa, qui nous a installés. Il m’a présenté à sa femme Joanna, qui m’a demandé des nouvelles de Jésus de Nazareth. Je lui ai dit ce que j’avais appris sur son compte. Elle m’a écouté avec un intérêt très vif, et elle a clos l’entretien en disant : « Moi, je crois qu’il est le Messie attendu. » Chusa m’a fait visiter ensuite le château et ses dépendances. Machérous est une résidence vraiment royale, mais sombre et triste.

Après la visite des appartements ouverts au public, nous sommes entrés dans le donjon, qui est une tour ronde, massive, couronnée d’un parapet, et qui sert de prison, en même temps qu’elle est la partie la plus redoutable des fortifications.

— Avez-vous des prisonniers ? ai-je demandé à l’intendant.