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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/78

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LE CENTURION

— Plusieurs, me dit-il. La plupart sont des voleurs et des assassins ; mais le plus fameux est celui qu’on appelle le Prophète.

— Quel prophète ? — Jean le Baptiste, qui se dit précurseur du Messie et qui est un homme étonnant.

— Je serais curieux de le voir.

— Voici justement son cachot : entrez. Et le soldat ouvrit la porte toute grande. Le cachot était bien sombre. Un seul rayon de lumière y descendait d’une haute meurtrière ; mais du fond de l’ombre jaillissaient deux rayons lumineux comme des charbons ardents ; c’étaient les yeux du prophète, accroupi sur le pavé à la façon des Orientaux.

En nous apercevant, il se leva, et il dit : Enfin, m’apportez-vous la mort ?

— Non, répondit Chusa, je vous amène un centurion romain qui est en visite au château, et qui a voulu vous voir. Le prophète fixa sur moi ses yeux perçants.

— J’ai connu Cornélius, le centurion de Capharnaüm, dit-il, et vous lui ressemblez.

— C’est mon parent, lui dis-je.

— Eh bien, si vous lui ressemblez au moral comme au physique, vous êtes un honnête homme.

— Mais mon parent n’a jamais été un de vos disciples ?

— Oh ! non, mais il est venu m’entendre une fois, au bord du Jourdain ; et les questions qu’il m’a posées m’ont convaincu qu’il cherche de bonne foi la vérité.