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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/87

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LE CENTURION

mais les lieux ne ressemblent plus guère à la description du poète. Ils semblent bien loin les temps où l’on ajoutait foi aux oracles de la Sibylle ; et je me demande qui pourrait aujourd’hui nous dire avec l’espoir d’être cru : Deus, ecce Deus, Dieu, voici Dieu ! C’est lui qui va parler par ma bouche.

J’ai voulu voir aussi le lac Averne, et la caverne profonde qui conduit aux enfers, aux champs des pleurs, lugentes campi, où gémissent ceux qu’un amour malheureux a conduits au trépas, aux champs des guerriers, arva ultima, au Tartare et aux Champs-Élysées. Mais ni le lac noir, ni les grottes sombres, ni les crevasses profondes dans les flancs des montagnes, ne peuvent nous conduire au séjour des âmes. Tout cela n’est donc qu’une fiction poétique ?

Et cependant il doit exister quelque part un royaume mystérieux qui survit à la mort, où les méchants sont punis, où les bons sont récompensés ! Quel dieu viendra nous révéler les mystères de ces régions inconnues ?

J’ai posé ces questions au divin Virgile en visitant son tombeau, au pied de la montagne, où des enfants de la Grèce sont venus fonder une nouvelle Parthénope. Mais il ne m’a rien répondu.

Cette belle colonie est en voie de devenir une cité très florissante. Les riches s’y bâtissent de somptueuses villas qui font face à la mer, et qui s’étagent sur les collines au milieu des vignes et des vergers jusqu’à Pompéi.