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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/88

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LE CENTURION

II

POMPÉI


Nous voici dans la ville des jouisseurs, et je constate qu’elle n’est pas seulement gaie, mais qu’elle est belle. Je ne me lasse pas d’admirer ses superbes colonnades doriques et corinthiennes.

Les promenades en dehors de la ville, surtout celles qui montent en lacets sur les flancs du Vésuve, sont idéales. Elles sont ombragées et embaumées ; de tous côtés elles embrassent un vaste horizon, et des perspectives infinies sur la grande mer d’azur.

Rien n’est plus riant, plus fleuri, plus enchanteur que ce mont Vésuve tapissé de vignes, de verdure et de fleurs.

On en apprécie d’autant plus les beautés qu’on se dit malgré soi, en y promenant ses rêveries : Si le feu intérieur de cette montagne qui sommeille allait tout à coup se réveiller !… Si les Titans que Jupiter a foudroyés et renfermés dans ces cavernes embrasées allaient se révolter, et faire sauter les murs de leur prison, quelle catastrophe ce serait ! Et que deviendraient ces jolies villes, Herculanum et Pompéi, qui ne songent qu’à multiplier leurs jouissances, et à raffiner leurs plaisirs ?…

Pompéi est une ville aristocratique de 30,000 âmes seulement. On y fait cependant un grand commerce ; son joli port qui se rétrécit toujours et