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Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/68

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échos évangéliques


Comment, peindre l’horreur de ce lugubre drame,
Ces terreurs de la mort qu’on ne peut concevoir
Arrachant à Jésus ce cri de désespoir :
Pourquoi donc m’avez-vous abandonné, mon Père ?
De la faiblesse humaine insondable mystère
Que l’esprit étonné découvre dans un Dieu !

Satan avait quitté son royaume de feu,
Et sur Jérusalem, comme un oiseau de proie,
Planait en exhalant son infernale joie :
« C’en est fait, disait-il, il se meurt sous ma main,
Et je l’enfermerai dans son tombeau demain !
Je n’ai pu malgré tout souiller son âme étrange,
Plus forte mille fois que mon rival l’Archange ;
N’importe, il n’a conquis qu’un gibet pour autel,
Et je triomphe enfin puisqu’il est né mortel ! »

Hélas ! pour obtenir le pardon de ses crimes
L’homme ne pouvait pas offrir d’autres victimes ;
Et pour rouvrir enfin l’Éden longtemps fermé,
Ô Père, vous donniez votre Fils bien-aimé !

Il était là, mourant sur une croix ignoble,
Vers la terre, vers nous penchant sa tête noble.
Un sang vermeil suintait à travers ses cheveux,
Sillonnait son beau front et remplissait ses yeux,