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Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/72

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échos évangéliques

Tout son corps frissonna… son œil devint hagard…
Il tomba, comme tombe une étoile filante ;
Et quand il se trouva sur le sol étendu,
Il vit se balancer sur sa tête brûlante
Un cadavre… Judas, sous un arbre pendu !

Le ciel était en feu, mais devenait plus sombre,
On y sentait passer comme un souffle de mort ;
Les oiseaux s’enfuyaient épouvantés dans l’ombre,
Et tout être vivant, inquiet de son sort,
Participait au deuil de la nature humaine.
Les astres éperdus ne suivaient plus leur cours,
Tout le globe céleste, effrayant phénomène,
Au cadran éternel ne marquait plus les jours !
La nuit envahissait les profondeurs sans bornes
De l’immense océan qu’on nomme l’infini ;
Et l’azur étendait ses solitudes mornes
D’où le soleil semblait avoir été banni ;
Les fleuves s’arrêtaient, interrogeant leurs rives ;
Les bosquets secouaient leurs parfums et leurs fleurs,
Et des grands lys penchés au jardin des olives
Les calices ternis semblaient verser des pleurs.
Pour le plus grand des deuils la nature était prête,
Et morne, elle attendait le dernier mot du Christ,
Lorsqu’il dit à voix haute en relevant la tête :
« Mon Père, entre tes mains je remets mon esprit.