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Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/77

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la mort du christ

Mais plus ils répétaient dans leurs aréopages
Que tu n’étais qu’un homme, un homme comme nous,
Et plus sous tous les cieux, et sur toutes les plages,
Ils voyaient devant toi les peuples à genoux !.
Ils revenaient, troublés à la montagne sainte,
Examinaient, palpaient ton cadavre glacé ;
Puis, déposant enfin la pudeur et la crainte,
Ivres, ils se hissaient jusqu’à ton flanc percé
Pour y verser à flots leur encre empoisonnée !
Alors ils s’en allaient attester ton trépas,
Disant : sa dernière heure est, cette fois, sonnée,
Il est bien mort enfin, et ne revivra pas !

Nestorius et Celse, Arius et Porphyre,
Plus près de nous Voltaire, et Strauss, Renan, Havet,
À leur tache perverse espéraient bien suffire ;
Mais ta gloire, ô mon Christ, toujours leur survivait !

Où sont ceux qui sont morts et leurs œuvres infâmes ?
Où s’en iront demain leurs disciples vivants ?
Ah ! qu’il ait pitié d’eux dans le monde des âmes
Celui qu’ils ont trahi dans leurs livres savants !
Au delà de la tombe où leur haine insensible
A cru l’ensevelir, ils le retrouveront,
Victime transformée en un juge inflexible,
Le glaive dans la main, le diadème au front !
Et quand leurs yeux troublés reverront face à face,
Vainqueur et triomphant, le Dieu de l’univers,
Pourront-ils espérer que sa clémence efface
Leur crime survivant dans leurs écrits pervers ?