« Annoncez de Jésus la féconde parole,
« Et soyez comme lui des messagers d’amour :
« Devant vous de Satan se brisera l’idole
« Et le règne du Christ enfin aura son jour » …
Ainsi parla longtemps le pasteur vénérable.
Mais l’heure du départ va bientôt retentir ;
L’ancre est déjà levée, et le vent favorable
Enfle la voile blanche : à bord, il faut partir.
À quelques jours de là, comme des hirondelles
Qui rasent en volant la surface des eaux,
Les trois voiles glissaient, comme trois sœurs jumelles,
Sur des flots jusqu’alors ignorés des vaisseaux.
Mais l’Occident au loin se couvrait de ténèbres,
Et la mer entr’ouvrait son abîme profond ;
Le tonnerre et les flots mêlaient leurs voix funèbres,
Et les cieux se cachaient sous des voiles de plomb.
Cartier, calme, et le front levé vers les étoiles,
Perçant de son regard la sombre immensité,
Jetait au vent du Nord, qui déchirait ses voiles,
Cet acte d’espérance en la Divinité :
« Mon Dieu, j’espère en toi qui calmes les orages,
« Tu bénis mes projets, ils ne seront pas vains ;
« Tu ne permettras pas que les peuples sauvages
« Ignorent plus longtemps tes préceptes divins. »
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