Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/115

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pas leur fonction, tous les autres rouages de l’organisation sociale se trouvent faussés. Leur utilité apparaît nulle et ceci est un grave danger pour eux, car tous les organes inutiles disparaissent par atrophie ou par suppression violente.

Pour caractériser en deux mots les conséquences du latifundium dans l’Agro romano, il semble que nous puissions dire qu’il aboutit au régime de l’anarchie. Le propriétaire ne remplit pas son rôle de patron, un peu par sa faute, un peu par la faute du latifundium ; la famille ouvrière exilée de son foyer pendant dix mois de l’année mène une existence misérable, précaire et presque nomade, elle subit des influences désorganisatrices et est la victime d’une foule d’intermédiaires qui, dans une société saine, contribueraient au contraire à lui faciliter l’existence ; enfin les organismes de la vie collective sont inexistants ou insuffisants.

C’est de cet état d’anarchie que dérive la question agraire. Par suite d’une direction patronale insuffisante ou inintelligente, d’immenses espaces restent dépeuplés, n’offrant que des moyens d’existence insuffisants et précaires aux populations surabondantes des confins qui ne font qu’errer dans la Campagne romaine sans pouvoir s’y fixer. Le latifundium n’est pas seul responsable de la situation de l’Agro romano, mais il est actuellement un obstacle aux transformations nécessaires.